« La petite guerre selon Clausewitz, à travers sa réflexion sur la guerre d’avant-postes »

Résumé de l’article en français au bas de la présente page // Abstract of the article in English below. 


Article publié dans :

Laure Bardiès et Martin Motte (dir.), De la guerre ? Clausewitz et la pensée stratégique contemporaine, Paris, Economica, 2008 (actes du colloque organisé par le Centre de recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, 18-19 oct. 2007), p. 405-432.

* La table des matières peut être consultée ICI.

* Le livre peut être commandé par exemple ICI

Cet article est référencé dans la solide base de données bibliographique du site Internet américain clausewitz.com, créé par Christopher Bassford, professeur de stratégie. Voir la « Bibliographie de Clausewitz en français », en suivant le lien Internet ICI.

 

Résumé introductif en français 

Pour poursuivre ici la réflexion sur la petite guerre selon Clausewitz, commencée à l’occasion du colloque de la CIHM de 2005 (voir autre article), le présent article prend appui principalement sur la partie de son Cours sur la petite guerre (1810-1812) consacrée à la guerre d’avant-postes. La guerre d’avant-postes est la partie de la petite guerre sur laquelle Clausewitz s’appesantit le plus dans son cours ; celle qu’il juge la plus importante. Il écrit : « Pour établir une division adaptée à mon objet, il m’est donné d’exposer le système complet des avant-postes et des autres dispositions liées à la sûreté de l’armée, parce que c’est essentiellement là qu’est contenue la petite guerre. »

Dans cette partie sur les avant-postes, Clausewitz procède par une approche philosophique de la guerre dont il est coutumier. Il y a un souci de conceptualisation. Clausewitz s’interroge sur le « concept » (Begriff) d’avant-garde, de la même manière qu’il s’est attaché à définir dans ce cours les « concepts » de « petite guerre », de « guerre », de « tactique », de « stratégie ».

Sont évoquées entre autres dans l’article les différentes missions de l’avant-garde selon Clausewitz, puis l’organisation de la chaîne des avant-postes défensifs d’une armée. L’avant-garde évoque la protection de l’armée. La mission de la petite guerre dans le cadre de la guerre d’avant-postes est avant tout défensive. Mais une défensive nécessairement « active », sans quoi, écrit Clausewitz, seul l’un des deux belligérants ferait en fait la guerre - celui qui donne les coups -, l’autre ne faisant que parer.

On trouve ici la part de l’influence des lectures et de l’expérience militaire de Clausewitz dans son cours ; les principaux traités d’art de la petite guerre et d’art de la guerre qu’il exploite ; les principaux exemples historiques sur lesquels il s’appuie ; le rôle probable de la campagne de 1806 dans le développement de sa réflexion sur la petite guerre ; sans éluder quelques faiblesses de la réflexion clausewitzienne, liées à la définition elle-même de la petite guerre. La petite guerre reste la guerre de l’incertitude…

Enfin, l’article met en lumière en quoi les progrès de la guerre d’avant-postes manifestent une évolution dans la manière de pratiquer la petite guerre au cours des guerres de la Révolution française et du 1er Empire.


Abstract in English

“Clausewitz’s point of view on the ‘petite guerre’ [kleinen Krieg], from the perspective of the outpost service”

This article goes on with the reflection on the “petite guerre” based on Clausewitz’s lecture on the subject, which was delivered in Berlin between 1810 and 1812 – For the record, we began this work on the occasion of the congress 2005 of the International Commission of Military History in Madrid (see our first article on Clausewitz, published in 2006 and 2009). As a support for the present article, we used mainly the section of Clausewitz’s lecture devoted to the outpost warfare. The outpost warfare is the most detailed section in the lecture on the “petite guerre” and the most important for Clausewitz. He writes: “In order to make an appropriate division of my work regarding its object, I shall present the whole system of outposts and other positions related to the security of the army, because it holds the essential of the ‘petite guerre’.” While dealing with the outposts, Clausewitz uses his usual philosophical approach of warfare. He is trying to conceptualize and ponders the “concept” of the vanguard, just like he tried to define in this lecture the “concepts” of “petite guerre”, of “war”, of “tactic” and of “strategy”. On the outpost warfare, Clausewitz mentions the different missions of a vanguard, and then the organization of an army's chain of defensive outposts. The vanguard implies the idea of protecting the army. The mission of the “petite guerre” as part of the outpost warfare is first and foremost a defensive one. But this defensive mission is certainly active, tells Clausewitz; otherwise only one of the belligerents would actually wage war – the one giving the blows –, and the other would only block them. We can see here the influence of Clausewitz's readings and military experience on his lecture; the main treatises upon the "petite guerre" and the art of war he is using; the main historic examples he is building on; the likely role of the campaign of 1806 upon the development of his thinking about the "petite guerre"; without avoiding some shortcomings of Clausewitz's thinking, which are linked to his definition of the "petite guerre" itself. The "petite guerre" remains the war of the uncertainty… Finally, this article does highlight how the improvements in the outpost warfare show an evolution in the way of waging the "petite guerre" during the wars of the French Revolution and the Napoleonic Wars.